Le tourisme de masse au château de
Cheverny, ouvert au public pour rappel depuis cent ans (1922), nécessite une
surveillance et une protection suivie de sa structure et de ses éléments
décoratifs.
Charles-Antoine de Vibraye, propriétaire du domaine,
est très vigilant sur ces sujets au point d'anticiper : « Il est plus économique d'être dans la
prévention plutôt qu’attendre les vrais problèmes », explique t-il.
Dans cet esprit, un beau chantier a été entrepris à
partir du 4 janvier dernier : la restauration des parquets de la salle d’armes
et de la Chambre du roi en prolongement, qui a été confiée à Baptiste Poupeau,
de l’Atelier Jean Marc Darde de Provins (77).
Charles-Antoine de Vibraye : « J’ai obtenu l’autorisation de la Drac
(1) en octobre 2022 avec pour objectif de
terminer le chantier au 15 mars de cette année. Le passage intensif des
visiteurs menaçait d’entraîner la rupture d’éléments des feuilles des parquets
».
Ce sont donc 200 m2 de parquets qui ont été complètement
déposés et environ 10 % du lambourdage (2) abîmé qui a été remplacé.
Charles-Antoine de Vibraye : « Ce que nous avions identifié au
moment du sondage en retirant un panneau du parquet de la Chambre du roi et de
la salle d’armes s’est avéré conforme à la totalité des surfaces concernées ».
Pas de mauvaises surprises en cours de chantier.
L’ambiance des espaces est très saine, exempte d’humidité et, en toute logique,
certains endroits s’avèrent plus sollicités que d’autres par le passage
intensif des visiteurs.
Quelques constatations
Le parquet en chêne de la Chambre du roi date de la
construction du château (XVIIe siècle). Deux styles en compartiment
ont été posés en alternance : un parquet « Versailles » et un parquet «
Chantilly ».
La restauration du parquet de la salle d’armes terminée, avant la pose
des couches protectrices (Isorel et moquette) destinées à supporter le passage
intensif du tourisme de masse.
Le parquet de la salle
d’armes est entièrement du style « Versailles », mais de facture fin XIXe siècle. « Un beau travail, mais pas aussi abouti
que celui de la Chambre du roi. Le lambourdage comportait peu de cales, il
n’était pas conçu pour supporter autant de passage », nous précise
Charles-Antoine de Vibraye. Le chantier a été aussi l’occasion de retirer des
câbles téléphoniques qui passaient sous le parquet et qui n’ont plus lieu
d’être.
La fin du chantier
Le parquet, après l’application d’une couche de cire,
a été protégé par une sous-couche, des plaques d’Isorel, et le tout recouvert
d’une moquette afin de permettre à nouveau des passages intensifs sans altérer
sa surface.
J.-P. T ■
(1) Drac : Direction régionale des affaires
culturelles.
(2) Lambourdage : opération qui consiste à
poser des lambourdes. Ce sont des pièces de bois de faible section fixée
perpendiculairement sur les solives pour supporter les lames d’un parquet.
La Grenouille n°59 - avril 2023
Les parquets du château de Cheverny (suite)
Après la rénovation des parquets de la salle
d’armes et de la chambre du roi au premier étage du château, de la galerie des portraits
au rez-de-chaussée et de la salle à manger privée au sous-sol, c’est au tour de
la salle à manger d’apparat, une des pièces maîtresses du château, de
bénéficier d’une rénovation totale de ses parquets.
Les parquets de la salle à manger
au rez-dechaussée reposent sur les voûtes du soussol. Ils ont souffert du
passage intensif des visiteurs depuis l’ouverture du château au public en 1922.
Les parquets ont été déposés, consolidés et reposés sur l’ensemble de la pièce.
Le but de l’opération était d’adapter le plancher au passage intensif en
réalisant de meilleurs calages, une meilleure homogénéité et une meilleure
stabilité.
C’est l’entreprise Darde, de Provins, qui est intervenue sur
l’ensemble de ces planchers. En 2024, ces opérations se poursuivront dans les
espaces de la bibliothèque et du grand salon, au rez-de-chaussée.
En 2023, l’orangerie a bénéficié de travaux
de rénovation et ravalement
Un gros travail de restauration avait été mené
en 1978/79 par Philippe de Vibraye, père de Charles-Antoine de Vibraye.
À l’époque, il s’agissait de
restaurer l’ensemble du bâtiment et de l’aménager en vue de le transformer en
bâtiment à vocation économique : en l’occurence pour le louer à des entreprises
ou à des institutionnels, voire à des particuliers, pour abriter leurs événements
festifs. Aujourd’hui, l’Orangerie ne se loue plus, et sur le plan structurel,
il faut rattraper certaines choses qui n’avaient pas été considérées à
l’époque. La façon dont certaines poutres avaient été restaurées n’est plus
satisfaisante (5 ont été remplacées) et les enduits étaient confectionnés avec
du ciment. Il a été nécessaire de les déposer pour les remplacer par un enduit
100 % chaux.
Charles-Antoine
de Vibraye est sans cesse à l’écoute des frémissements de son domaine
Quant au château lui-même, pas
d’inquiétude : il est très bien construit, et en pierre dure. La pierre tendre
de Bourré n’est qu’un placage. Charles- Antoine de Vibraye précise que « tout s’équilibre, et il
faut prendre garde à ne pas toucher à ces équilibres subtils...». Il ajoute : « Un château de paille bien
construit vaut mieux qu’un château de pierre mal construit »...
J.-P. T.
La Grenouille n° 62 - janvier 2024